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sortie annuelle (22 mai 2019)
Ce mercredi matin, par un temps radieux, un car plein à craquer quitte Compesières en direction de Sallanches. Nous bénéficions une nouvelle fois des compétences de l’historien Christian Regat qui profite du trajet pour nous faire un exposé très attrayant sur l’art baroque en Savoie. Cet art, nous explique-t-il, est une réponse à l’expansion des idées protestantes dans la contrée. En opposition à l’extrême sobriété des temples protestants il propose une vision chaleureuse et colorée traduisant une foi joyeuse et triomphante.
Nous voici arrivés à Cordon ou se trouve le témoin le plus remarquable peut-être de cet art baroque savoyard : l’église de Notre-Dame de l’Assomption. Cet édifice, avec son clocher à bulbe offre une apparence banale, mais lorsqu’on pénètre à l’intérieur on est saisi par la somptuosité des décors, du retable du maître autel illustrant les bases de la foi, de la coupole et ses fresques représentant les grandes étapes heureuses de la vie de la Vierge : l’Annonciation, la Visitation, la Nativité et la Présentation de Jésus au temple.
Au 18e siècle, contrairement aux paysans des plaines soumis aux contraintes de la féodalité, les paysans de montagne bénéficiaient d’une certaine instruction et possédaient en commun des prés et des bois. Ils en tirent un revenu qui va leur permettre de financer la construction et la décoration de leurs églises. C’est ainsi qu’en 1780, les Cordonnants font appel au maître maçon valdéen Gian Pietro Manolo, ainsi qu’à d’autres artistes comme l’Argovien Joseph Léonard Isler, pour bâtir et décorer leur église.
Après cette belle découverte, un repas succulent nous est servi dans un restaurant du village qui jouit d’une vue époustouflante sur le Mont-Blanc.
En début d’après-midi, notre chauffeur nous conduit au Plateau d’Assy où se dresse l’église Notre-Dame-de-Toute-Grâce, un exemple remarquable du renouveau de l’art sacré au 20e siècle. Conçue par le chanoine Jean Deverny pour les malades des sanatoriums, elle fut construite de 1937 à 1946 par Maurice Novarina qui s’est inspiré de l’architecture des chalets savoyards. Le décor a été réalisé par les plus grands maîtres de l’art moderne : Fernand Léger a conçu la grande mosaïque de la façade et Jean Lurçat, la tapisserie qui enveloppe l’abside. Dans le baptistère, la grande composition en céramique est de Marc Chagall tandis que celle qui entoure le tabernacle est l’œuvre d’Henri Matisse, le tabernacle lui-même ayant été réalisé par Georges Braque. Mentionnons encore les contributions de Rouault (vitraux), Bonnard (huile sur toile), Matisse (céramique), pour ne citer que les artistes les plus connus. Un tel ensemble fait de cette église un extraordinaire musée d’art moderne, en pleine montagne.
Après cette magnifique journée, il est temps de prendre le chemin du retour. Nous arrivons à Compesières vers 18 heures et avant de nous séparer, remercions chaleureusement notre guide conférencier pour ses explications pertinentes, émaillées d’anecdotes savoureuses.
Emilien Grivel
12 juin 2019